Joyeux Urbains

Marguerite

Joyeux Urbains


Ma douce Marguerite
Cela fait si longtemps
Que nos deux coeurs palpitent
Qu’ils le font à présent
Beaucoup plus lentement
Qu’au temps où nous avions
Tous deux juste vingt ans

Aujourd’hui sous la serre
Poussent les mĂŞmes roses
Que je t’avais offertes
En ce jour si grandiose
Sans savoir je suppose
Qu’un jour nous fêterions
Nos quatre vingt dix ans

J’ai toujours eu pour toi les plus douces pensées
De nos années fleur bleue à nos années fanées
Souviens-toi Marguerite, dans la fleur de l’âge
Nous vivions déjà d’amour et de jardinage

Le moment est venu
Pour toutes tes copines
De s’avouer vaincues
Ma douce concubine
Elles qui se croyaient fines
En disant qu’notre union
Ne tiendrait pas deux ans

Les fleurs qui en ce temps
Servaient Ă  notre idylle
Décorent à présent
Leurs tombes bien tranquilles
Les années bissextiles
Nous nous y recueillons
Une ou deux fois par an

Malgré mon humour toujours au raz des pâquerettes
Je n’ai pas eu de mal à te conter fleurette
De nos timides caresses toujours Ă  fleur de corps
Jusqu’à nos folles nuits de plantes carnivores

Et malgré quelques malheureux petits soucis
Te quitter ne m’a jamais effleuré l’esprit
Et même si notre couple sent le chrysanthème
Je sais très bien au fond de moi combien tu m’aimes

Un peu,
Beaucoup
Passionnément, à la folie
Pas du tout...

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